CPME Hauts-de-France

« Pour les TPE et PME, la crise énergétique : c’est la crise de trop »

La Covid-19 a fortement fragilisé les TPE et PME des Hauts-de-France. En 2022, s’ensuivent la hausse des prix des matières premières et la crise énergétique, les gouttes d’eau qui font déborder le vase. Le point sur la situation avec Emmanuel Cohardy, président de la CPME Hauts-de-France.



Emmanuel Cohardy, président de la CPME Hauts-de-France. ©CPME
Emmanuel Cohardy, président de la CPME Hauts-de-France. ©CPME

Dans quel état d’esprit les TPE et PME ont abordé l’année 2022 ?

Emmanuel Cohardy : Les deux années de crise liées à la pandémie de Coronavirus, ont fortement fragilisé les TPE et PME. En très peu de temps, les entreprises ont perdu beaucoup et ont dû s’adapter en travaillant avec des masques et/ ou en distanciel. Les mentalités ont changé, tout comme de nombreux modèles économiques. Alors, 2022, c’était un peu l’année où les entrepreneurs remettaient le pied à l’étrier. Les activités étaient à la hausse et les carnets de commandes se sont remplis à nouveaux. Mais c’était sans compter sur la flambée des prix des matières premières et sur la crise énergétique…

Après la crise liée à la Covid-19, les TPE et PME vont subir de plein fouet la crise énergétique. Comment les dirigeants accueillent ce nouveau coup dur ?

La hausse des prix de l’énergie, c’est la crise de trop. Les dirigeants de TPE et PME avaient déjà commencé à réduire leurs marges face à la raréfaction et la hausse des prix des matières premières, notamment dues à la guerre en Ukraine. Mais bientôt, ce n’est plus réduire leurs marges que les dirigeants vont devoir faire, mais rogner sur leurs salaires. La flambée des prix de l’énergie, va être fatale pour bon nombre d’entrepreneurs.

Pour vous dire, certaines industries qui ne consomment pas énormément d’électricité, se retrouvent à payer une facture qui a pris +1 000%… on ne peut pas faire face. J’ai même entendu des chefs d’entreprise qui ont créé leur boite il y a 20 ans, dire qu’ils veulent s’arrêter et redevenir salarié, simplement pour pouvoir nourrir leur famille, avoir un toit et vivre…

Face à toutes les hausses que les TPE et PME connaissent (matières premières, énergie...), pourquoi les entrepreneurs n’augmentant-ils pas les prix de leurs produits ou services ?

Ce n’est pas si facile… les TPE et PME ne peuvent pas répercuter ces hausses sur leurs clients, elles ont trop peur de les perdre. Si elles perdent leurs clients, c’est la fin assurée.

Les TPE et PME, font-elles face à d’autres défis que la crise énergétique et la hausse des matières premières ?

Cela fait déjà deux ans que le recrutement est un point noir pour les entreprises. C’est un problème de fond. En France, 90% des chefs d’entreprise se plaignent de ne pas trouver de main d’œuvre… j’ai du mal à comprendre ce chiffre lorsque l’on connaît le taux de chômage (7,3%). Je pense qu’il reste beaucoup de travail à faire sur l’embauche des personnes en situation de handicap, des migrants ou encore des ex-détenus. Il manque de la communication sur ces thématiques.

Comment aider et accompagner correctement les TPE/ PME de la région à se relever après ces crises ?

Les écouter. Derrière l’entrepreneur, il y a aussi un individu qui souffre de cette situation, qui s’interroge et cherche à comprendre. Nous pouvons les aider et les orienter vers les experts qui ont la solution. Les diriger vers les bons dispositifs et appels à projet, ou encore vers les réseaux bancaires comme la BPI. J’échangeais avec le comité directeur des CPME justement sur le véritable besoin des entreprises.