POURQUOI LE NOMBRE D’ARTISANS BAISSE EN HAUTS-DE-FRANCE

Les métiers de la fabrication sont en perte de vitesse avec -2,4% d’emplois par an dans la région.
Les métiers de la fabrication sont en perte de vitesse avec -2,4% d’emplois par an dans la région.

Alors que l’emploi dans l’artisanat augmente de 0,1% par an en France, la région a perdu 7 000 emplois dans le secteur entre 2008 et 2015. En cause : la présence de grands groupes et une culture auto-entrepreneuriale peu répandue.

D’après la dernière étude publiée par l’Insee sur l’emploi dans l’artisanat, les Hauts-de-France sont la région la moins bien dotée en artisans après le Grand-Est. En 2015, la région employait 182 000 artisans, soit 7 000 de moins qu’en 2008. Une baisse justifiée par une crise économique pendant laquelle l’emploi artisanal salarié a été pénalisé. Ailleurs en province, la création du statut d’auto-entrepreneur et le nombre de nouveaux artisans indépendants ont enrayé cette perte de vitesse. Mais en 2015, 71% des artisans des Hauts-de-France sont encore salariés, répartis dans 30 000 établissements. La culture auto-entrepreunariale a encore faible écho dans la région, qui n’a donc pas encore bénéficié d’un fort taux de créations d’entreprises.

UNE MAJORITÉ DE GRANDS GROUPES

Un chiffre pourrait pourtant faire croire en l’inversement de la courbe : selon le Baromètre de l’artisanat de l’Institut supérieur des métiers, les Hauts-de-France figurent parmi les régions qui forment le plus d’apprentis artisans dans le pays. L’artisanat forme au total 36% du total des apprentis de la région, contre 35% en moyenne nationale. Ce constat contraste avec la perte de vitesse de l’emploi artisanal en région. « Mais il faut prendre en compte un critère précis et important, signale Jérémy Warmoës, chargé d’études à l’Insee Hauts-de-France. Les entreprises artisanales sont des entreprises dont l’effectif est inférieur à 250 salariés à temps plein, et dont le capital n’est pas détenu majoritairement par un groupe. » Or, les grandes villes des Hauts-de-France sont marquées par la présence de grands groupes employant des artisans potentiels.

LE POTENTIEL DES SERVICES À LA PERSONNE

Quatre domaines sont actuellement référencés dans la définition de l’artisanat : l’alimentation avec les boulangeries, pâtisseries, boucheries et la restauration rapide -, la fabrication, le bâtiment, et les services – réparation, soins, nettoyage…. Au niveau national, et encore plus dans la région, la fabrication et le bâtiment peinent à se relever après la crise (-2,4% emplois par an dans la fabrication et -1,3% par an dans le bâtiment). Au contraire, l’alimentation crée 0,6% emplois supplémentaires chaque année. Les services représentent le domaine qui crée le plus d’emplois avec une augmentation de 1,4% par an. « Les services deviennent un secteur d’avenir pour l’artisanat. La tendance ne cessera de prendre la vitesse dans les années à avenir », prédit Jérémy Warmoës. L’Insee indique en effet que le vieillissement de la population accroîtra le besoin de créations de services à la personne. D’ici 2050, la France comptera 640 000 séniors de plus de 65 ans supplémentaires.