PREMIERS PAS POUR LA NORME ISO SUR LES ACHATS RESPONSABLES

PREMIERS PAS POUR LA NORME ISO SUR LES ACHATS RESPONSABLES

Les deux tiers des grandes entreprises ont entendu parler de la norme ISO 20 400 sur les achats responsables, qui existe depuis un an environ. Un résultat qui témoigne de la diffusion des préoccupations en matière de responsabilité sociétale des entreprises, lesquelles disposent de plus en plus d’outils pour progresser.

Les résultats sont encourageants. Les entreprises s’y intéressent et quelques unes sont déjà allées jusqu’à adopter la norme ISO 20400. Opérationnelle depuis une année, cette norme internationale définit un cadre pour les stratégies d’achats responsables. Telles sont les conclusions du Baromètre ISO 20 400, rendu public le 6 septembre dernier, à Paris, avec plusieurs acteurs mobilisés sur le thème de l’achat responsable. Comme le Médiateur des entreprises, qui porte le label Relations fournisseurs et achats responsables (RFAR), lequel a intégré le référentiel de la norme ISO, ainsi que Pacte PME, dispositif lancé en 2010 dans l’objectif d’améliorer les relations entre grandes entreprises donneuses d’ordre et PME, sur la base du volontariat. Pacte PME réunit aujourd’hui 52 grands comptes publics, privés et collectivités, dans huit filières professionnelles, qui pèsent pour 100 milliards d’euros d’achats annuels.

Les résultats du baromètre présenté à Paris sont basés sur des entretiens téléphoniques, menés avec des représentants de 203 entreprises ou organismes publics de plus de 250 salariés, afin de mesurer la notoriété de la nouvelle norme. Tout d’abord, les deux tiers des personnes la connaissent au moins de nom. « C’est un bon chiffre », juge Diane Hion, chef du secteur marketing chez Opinion Way. Reste toutefois que 34% des sondés n’en ont jamais entendu parler. Et ils ne sont que 21% à en connaître le contenu, dans les grandes lignes ou dans le détail. La catégorie des entreprises qui a commencé à appliquer la norme est plus restreinte encore : c’est le cas de 19% de celles dont les représentants ont déclaré en connaître le contenu. Par ailleurs, au sein de cette même population, 18% des entreprises déclarent être en train de mettre en place la norme et 25% d’en avoir le projet. En revanche, pour 32% d’entre elles, l’opération n’est pas à l’ordre du jour. Parmi les motifs de réticence figurent un manque d’informations qui permettraient de proposer le chantier à la direction, ou encore un jugement négatif sur l’utilité de cette norme.

93% DES ENTREPRISES SE SOUCIENT DU RECYCLAGE

L’arrivée de la norme ISO 20 400 s’inscrit dans un environnement favorable. D’après le baromètre, 42% des entreprises interrogées ont déjà une stratégie d’achat responsable. Et certaines démarches sont rentrées dans le quotidien des sociétés. Par exemple, 93% d’entre elles se préoccupent déjà du recyclage et de la fin de vie de leurs produits, pour éviter la pollution. Et elles sont 88% à introduire des spécifications de responsabilité sociétale dans leurs cahiers des charges. En revanche, elles ne sont que 21% à concevoir des produits ou des services innovants en termes de RSE avec leurs fournisseurs. Les niveaux d’application de ces pratiques diffèrent selon le type de structure : les entreprises privées, de plus de 5 000 salariés, des secteurs du commerce et du service, s’avèrent les plus engagées. D’après François Perret, directeur-général de Pacte PME, on observe une « convergence » entre les résultats du baromètre sur la notoriété de la nouvelle norme et celui de Pacte PME, lequel mesure la qualité de la relation entre PME et grands groupes. Depuis sa création en 2012, « on sent que les choses progressent », ajoute-t-il. Aujourd’hui, le niveau de satisfaction global exprimé par les 38 000 fournisseurs interrogés s’élève à 76%, en nette amélioration par rapport à l’année précédente. Avec, toutefois, des résultats qui diffèrent en fonction des thèmes. Car si les relations se sont améliorées entre acheteurs et fournisseurs, « il reste encore des points de progrès », admet François Perret. Tout d’abord, le niveau de satisfaction des fournisseurs sur les délais de paiement demeure « stationnaire ». Et surtout, des sujets comme l’innovation ouverte, la transformation digitale, l’export, ou le financement des fournisseurs demeurent exploratoires. « La RSE a pris une place importante dans notre société. (…) Aujourd’hui, toute entreprise et toute administration réfléchit aux achats responsables », analyse Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises. Pour lui, cette nouvelle norme constitue donc un outil de plus pour les entreprises, qui s’ajoute à ceux déjà existants. La RSE, « maintenant que tout le monde est sensibilisé, c’est le moment d’y aller ! », encourage Pierre Pelouzet.