Quel mix énergétique pour la France en 2050 ?

Après un G20 sans éclat sur les questions environnementales, la 26e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow doit aborder la question de l’avenir énergétique. Quand est-il de la France ?


À chaque conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, les invités comptent autant que les sujets abordés. Or, Vladimir Poutine, Jair Bolsonaro et Xi Jinping sont donnés absents, alors même que la Russie, le Brésil et la Chine comptent parmi les plus grands pollueurs de la planète. Certaines mauvaises langues diront qu’au-delà des conditions sanitaires drastiques pour se rendre au Royaume-Uni, Xi Jinping n’avait guère envie de s’exprimer sur la pandémie de covid-19, que la Chine se vantait un peu vite d’avoir terrassée. Reste sur la table des questions récurrentes et pourtant capitales pour limiter le réchauffement à 1,5 °C et atteindre la neutralité carbone en 2050 : l’assistance aux pays du Sud, qui subissent de plein fouet les impacts du changement climatique, le fonctionnement des marchés du carbone et la sortie des énergies fossiles. Sur ce dernier point, la France fait valoir un mix énergétique particulier grâce au nucléaire…

Le mix énergétique actuel en France

D’après les derniers chiffres publiés en septembre par le ministère du Développement durable, le secteur de l’énergie compte en 2020 à peine pour 2% de la valeur ajoutée en France et 0,5 % de l’emploi intérieur total. Les dépenses publiques françaises de recherche et développement (R&D) en matière d’énergie se concentrent majoritairement sur le nucléaire, en phase avec les ambitions affichées récemment par Emmanuel Macron dans son plan France 2030, qui injectera 1 milliard d’euros pour construire de « petits réacteurs nucléaires ». Les autres dépenses de R&D s’orientent vers les nouvelles technologies de l’énergie : énergies renouvelables essentiellement, mais aussi financement en faveur de l’efficacité énergétique, du stockage, de la production d’hydrogène… Enfin, les dépenses publiques consacrées aux énergies fossiles sont en très forte décroissance depuis 2007 et représentent moins de 1 % de la dépense publique de R&D.

La production française d’énergie primaire, qui représente un peu plus de la moitié de l’approvisionnement en énergie du pays, est constituée à 75% de nucléaire, le reste étant essentiellement de l’hydraulique, de l’éolien, du photovoltaïque et des énergies renouvelables thermiques. En face, la consommation primaire de la France se compose de 40% de nucléaire, 28% de pétrole, 16 % de gaz naturel, 14% d’énergies renouvelables (pour l’essentiel le bois-énergie) et déchets et 2 % de charbon. Il est à noter que la France importe désormais la quasi-totalité des énergies fossiles qu’elle consomme et que l’utilisation du nucléaire, mais aussi des énergies renouvelables en part croissante, permet de contenir les émissions de CO2.

Les « futurs énergétiques » en 2050

Alors que l’énergie avait connu une chute des prix importante en 2020, en raison de la crise sanitaire et de son cortège de confinements, l’année 2021 est celle de leur flambée ! Dans ce contexte, le rapport du gestionnaire du réseau électrique (RTE) sur les « Futurs énergétiques 2050 » était très attendu. Commandée par le gouvernement avant la pandémie, cette étude envisage six scénarios de mix de production pour assurer l’approvisionnement énergétique, sortir des énergies fossiles, atteindre la neutralité carbone en 2050 et ainsi respecter les objectifs de l’Accord de Paris : la sortie du nucléaire, concomitamment au développement maximal des énergies renouvelables, un mix à parts égales entre les énergies renouvelables et le nucléaire, et quatre mix intermédiaires, sachant que la diffusion du photovoltaïque ou de l’éolien nécessiterait une forte mobilisation des collectivités territoriales.

Tous ces scénarios ont évidemment un coût, d’autant plus élevé que la part des énergies renouvelables est grande. Quoi qu’il en soit, atteindre la neutralité carbone en 2050 serait impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables, même si l’étude pointe les réticences que soulèverait l’installation massive d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques, ainsi que les nouvelles contraintes (vent, ensoleillement…). L’étude montre par ailleurs que malgré le développement de l’efficacité énergétique, la consommation d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles, ce qui devrait augmenter le coût de l’électricité dans des proportions de l’ordre de 15 % hors inflation. Mais globalement, le coût du système électrique serait plus stable par rapport à l’approvisionnement en énergies fossiles.

En définitive, le gouvernement français avance sur une ligne de crête entre hausse des coûts de la production d’énergie d’un côté et respects des objectifs environnementaux de l’autre. L’immobilisme n’est pas permis…