Emploi

Quels métiers exercent les 2,7 millions de travailleurs immigrés ?

Ils sont ouvriers qualifiés - ou pas-, travaillent dans l'informatique et les soins à la personne... Une étude du ministère du Travail consacrée aux travailleurs immigrés montre une réalité très diverse selon les pays d'origine, mais largement concentrée sur des professions aux conditions de travail pénibles et où manque la main d’œuvre.

Quels métiers exercent les 2,7 millions de travailleurs immigrés ?

Combien la France compte-t-elle de travailleurs immigrés et dans quels secteurs exercent-ils principalement leur activité ? La Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, rattachée au ministère du travail), a publié une analyse consacrée aux «métiers des immigrés ». Sur le plan quantitatif, tout d'abord, les travailleurs immigrés, c’est-à-dire résidents en France et nés étrangers à l’étranger (certains ayant pu par la suite être naturalisés Français) étaient 2,7 millions, en 2017. Cela représente, un emploi sur dix. Les origines géographiques de ces travailleurs sont très diverses. Les plus nombreux proviennent d' Afrique : ils représentent 45% des travailleurs immigrés. Et au sein de cette population, Algériens, Marocains et Tunisiens sont les plus représentés. Deuxième zone géographique de provenance en importance, l'Asie (16% des immigrés en emploi). En troisième position, l'Afrique subsaharienne fournit 13% des travailleurs immigrés. Viennent ensuite les Portugais : à eux seuls, ils représentent 12% de ces travailleurs. Quant aux natifs d'Espagne et d'Italie, ils ne fournissent que 5% de la population étrangère active dans le monde du travail.

Toutes origines confondues, l'implantation des travailleurs immigrés en France est loin d'être homogène : pour l'essentiel, ils se concentrent en milieu urbain. Et sur le plan territorial, ils sont surtout présents dans le Sud et l'Est du territoire : ils occupent 22 % de l’ensemble des emplois franciliens et 10 % dans la région Provence-Alpes Côtes d’Azur, contre 4 % en Bretagne ou dans les Pays de la Loire. Une répartition qui explique pour partie leur sur-représentation dans certains métiers, comme ceux du numérique (où quatre emplois sur dix se situent en Île-de-France).

Ingénieurs informatiques et ouvriers non qualifiés du gros œuvre du BTP

Sur le plan professionnel, les travailleurs immigrés sont particulièrement présents dans 35 des 87 métiers recensés par la Dares. Ils y représentent une part dans l'emploi supérieure à la moyenne nationale (10,2 %). Ces métiers concentrent 57,5 % de l’ensemble des postes occupés par les immigrés. Ils sont très éclectiques : il s'agit par exemple d'employés de maison, agents de gardiennage et de sécurité, ouvriers non qualifiés du gros œuvre du BTP, du béton et de l'extraction, ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment... Les travailleurs immigrés sont également très représentés dans les métiers de l'hôtellerie, restauration et alimentation, et du transport et de la logistique.

Mais au delà de cette diversité de secteurs, ces métiers présentent des points communs. Tout d'abord, ils « se caractérisent globalement par des conditions de travail plus contraignantes que la moyenne », constate la Dares. Ils impliquent, notamment, des contraintes physiques, de rythme, une répétitivité des taches ou encore, des périodes de travail durant les jours non ouvrables ou en dehors des plages de travail habituelles. Autre caractéristique fréquente des métiers exercés par les travailleurs immigrés – qui se cumule dans certains cas avec la première - , celle d'être « en tension », c'est à dire que les offres d'emplois y sont supérieures aux demandes, ou que l'écart entre les deux est faible. C'est en particulier le cas des aides à domicile et aides ménagères, des assistantes maternelles, cuisiniers et cadres du bâtiment et des travaux publics, ou encore des ouvriers qualifiés de l’électricité et de l’électronique. Mais ce tableau très général doit être affiné : un peu plus de deux travailleurs immigrés sur dix accède à des postes plus qualifiés (ingénieurs informatiques, personnels d’études et de recherche ou des médecins ou assimilés...).

Des métiers fonction de l'origine géographie et de l'âge

Autre particularité, les métiers exercés par les travailleurs immigrés en France diffèrent selon l’origine géographie de ces derniers, et, pour une même provenance, de la date de leur arrivée en France. Globalement, un quart de ces travailleurs sont arrivés avant 1967 et un autre quart après 2011. Par nationalité, ceux nés au Portugal sont sur-représentés parmi les employés de maison et les ouvriers du bâtiment. C’est également le cas des natifs du Maghreb, qui sont aussi particulièrement nombreux chez les agents de gardiennage et de sécurité. Les Tunisiens, eux, sont sur représentés parmi les ouvriers qualifiés et non qualifiés du bâtiment. Les natifs d’Afrique subsaharienne sont davantage présents chez les agents de sécurité, ainsi que chez les employés du care et de la restauration.. Quant aux immigrés venant d’Asie, ils sont spécialisés dans la restauration et le textile, mais aussi dans des métiers très qualifiés. Et les natifs d’Espagne ou d’Italie, davantage diplômés que les autres, occupent fréquemment des postes très qualifiés, par exemple cadre du BTP,ou encore patron dans l'hôtellerie-restauration.

Mais la date d'arrivée influe aussi sur le type de métier exercé. Par exemple, parmi les 113 000 travailleurs tunisiens présents en France -une population globalement sur-représentés dans les métiers du bâtiment- la moitié est arrivée après 2001. Or, les étudiants tunisiens sont très tournés vers les filières du numérique. Cette orientation vaut aux travailleurs immigrés provenant de ce pays d'être également sur-représentés dans les métiers du numérique.

Les travailleurs immigrés, rarement agriculteurs

Parmi les dix métiers qui recourent le moins aux immigrés, plusieurs relèvent de la fonction publique, ou de métiers qui présentent des prérequis liés à la nationalité. Comme un diplôme français seul reconnu pour les infirmiers et sages-femmes. Par ailleurs, moins de 5 % des agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons sont issus de l’immigration.