Raray : le premier site pilote pour gérer naturellement le ruissellement

Le Syndicat Interdépartemental du SAGE de la Nonette (SISN) a créé un site pilote sur des terres agricoles du versant nord de La Nonette, au hameau de la Borde à Raray. L'objectif ? Gérer les ruissellements grâce aux aménagements d'hydraulique douce pour favoriser l'infiltration de l'eau à la parcelle et montrer concrètement l'efficacité de ces installations naturelles.

La surface du bassin versant agricole produisant les ruissellements à l’origine des désordres hydrauliques constatés est estimée à 39 ha.(c)SISN
La surface du bassin versant agricole produisant les ruissellements à l’origine des désordres hydrauliques constatés est estimée à 39 ha.(c)SISN

Les ruissellements sont un vaste sujet pour les communes et les agriculteurs. L'objectif est de faire travailler ces deux partis ensemble car ce sujet est stratégique autant pour la sécurisation des habitations et des lieux de vie d'une commune que pour la sûreté des terres agricoles et la protection des ressources en eau. « Gérer les eaux des ruissellements, c'est éviter les apports importants en sédiments au cours d’eau et lutter contre les coulées de boues ou la stagnation d'eau à certains endroits lors de pluies abondantes, explique Valentin Deforest, technicien et animateur du Bassin Versant du Syndicat Interdépartemental du SAGE de la Nonette. Grâce à des photographies aérienne et une modélisation des axes de ruissellement, nous avons pu déterminer les zones de stockage des eaux et les endroits où les écoulements doivent être gérés. » Le hameau de la Borde (commune de Raray) est situé en tête du bassin versant de l’Aunette et a été choisi comme site pilote car d'importants désordres liés aux ruissellements ont été rencontrés lors des pluies orageuses.

Les aménagements sont réalisés par le syndicat.(c)SISN

Le Syndicat Interdépartemental du SAGE de la Nonette (SISN) a donc lancé une étude de ruissellement et d’érosion des sols afin de mettre en place un ensemble d’aménagements d’hydraulique douce (haies, noues, fascines, bandes enherbées…) , c'est-à-dire des solutions fondées sur la nature pour infiltrer les eaux le plus en amont possible, en semant des plantes adaptées à l'environnement, utilisant le bois pour créer des barrages naturels, creusant des noues ou encore utilisant l'environnement déjà présent. Résultat ? « Les ruissellements qui provoquaient des inondations, coulées de boue et pollutions de la rivière Aunette en aval sont limités, l'eau qui ne s'infiltrait pas et qui inondait une partie des champs est désormais gérée naturellement », continue d'expliquer Valentin Deforest.

Un projet en faveur de la biodiversité

Ainsi, sur le site de Raray, des haies hydrauliques (des haies denses) permettent, grâce à leurs tiges, et leur système racinaire, de freiner les ruissellements favorisant ainsi la sédimentation des particules de terre et l’infiltration des eaux. Des noues - une sorte de fossé peu profond et large, végétalisé, avec des berges en pente douce - recueillent provisoirement de l'eau de ruissellement, pour la laisser s'évaporer et/ ou s'infiltrer sur place et éventuellement pour l'évacuer le surplus vers une seconde zone d’infiltration. « Les aménagements d’hydraulique douce sont multifonctionnels, précise le technicien. Ils développent la biodiversité en recréant des trames vertes, des zones d’ombrage, de fraîcheur et d’abris du vent et du gel. Ils améliorent aussi la qualité paysagère et écologiques du territoire tout en gérant à la source les eaux de pluie. »

La facscine sert de barrage naturel.(c)SISN

De plus en plus utilisés depuis le prise de conscience du changement climatique, ces aménagements évitent le recours à des ouvrages artificiels et à des matériaux polluants pour la nature et favorisent la biodiversité. La fascine en est un bel exemple. Cet ouvrage linéaire est composé de fagots de branches mortes posées entre deux rangées de pieux. Ce barrage filtrant naturel sert à freiner les ruissellements et à bloquer les terres. La mare est aussi une belle façon de préserver l’environnement. « La mare tampon » a pour principal objectif de réguler le débit et/ ou stocker les eaux de ruissellement. Elle peut être en eau de façon temporaire ou permanente notamment en fonction du type de sol. Elle constitue aussi le centre d'un biotope tout en attirant de nombreuses espèces animales. « Ce site pilote permet de montrer réellement l'efficacité de ses aménagements et l'espace qu'il nécessite. Il faut un peu d'entretien mais ces aménagements vivent seuls », note encore le technicien.

D'autres aménagements simples aident aussi l’évacuation des eaux vers des zones végétalisées d’infiltration, comme les saignées. Ces aménagements d'hydraulique douce sont également associables selon le sol et la nature des ruissellements et permettent, à terme, de réduire, voire stopper, les ruissellements et d'utiliser l'eau de pluie pour les cultures... et créer un véritable un cercle vertueux.