Rencontre avec Jean-Lorain Genty, le nouveau directeur régional d'Enedis

Jean-Lorain Genty est le nouveau directeur régional d'Enedis en Picardie depuis janvier.
Jean-Lorain Genty est le nouveau directeur régional d'Enedis en Picardie depuis janvier.

Jean-Lorain Genty est le nouveau directeur régional d'Enedis en Picardie depuis janvier.

L’énergie est produite à un certain endroit et consommée dans un autre, il faut donc la transporter, la faire voyager », explique JeanLorain Genty, le nouveau directeur régional du groupe Enedis en Picardie. En poste depuis le 1er janvier, il a énoncé, lors de la cérémonie des vœux à Amiens, le rôle de la société, le bilan de l’année 2016 et les objectifs de 2017. Picardie la Gazette l’a rencontré pour faire le point.

Picardie La Gazette : Quel est le rôle d’Enedis ? Jean-Lorain Genty : Enedis est un distributeur d’énergie, nous ne produisons pas d’électricité, nous la faisons voyager. Nous nous occupons de 95% du territoire national et de 75% du territoire picard, en transportant de la moyenne et basse tension. Nous sommes une société anonyme, cotée par l’État. Notre actionnaire majoritaire est EDF, (détenu lui-même par l’État à 83%). Nous exerçons des missions de service public, c’est-à-dire que nous développons le réseau d’énergie en raccordant, ou désaccordant de nouvelles zones aménagées, de nouvelles entreprises… Nous faisons évoluer le réseau en fonction de l’aménagement urbain. Nous l’entretenons pour éviter qu’il s’abîme et nous sommes présents pour le dépannage, le réglage du niveau d’énergie selon la demande des clients. Nous sommes régulés par la CRE (Commission de régulation de l’énergie) qui fixe nos conditions, nos droits et nos prix.

P.L.G. : Quel est le bilan général de l’année 2016 ? J.L.G. : Nous pouvons le caractériser avec quelques chiffres clés. Enedis en Picardie, c’est 115 millions d’euros d’investissements en 2016. C’est une somme très importante, nous sommes l’un des premiers investisseurs dans le territoire picard. Cela se traduit par des emplois, de l’activité économique. Une partie de la maintenance est effectuée par nos propres équipes, une seconde est faite par des soustraitants. Nous faisons vivre tout un écosystème à travers les travaux réalisés chaque année. Cela représente 857 salariés en Picardie, répartis sur 15 sites. Aujourd’hui, en Picardie, nous avons 30 000 km de réseau, ce qui représente 1 700 communes et 830 000 clients. Cela explique notre investissement pour entretenir un tel patrimoine, il faut lutter contre la détérioration du matériel. Cela semble évident, mais c’est un combat de tous les jours pour que l’électricité arrive chez nos clients, c’est une mobilisation de 24 heures sur 24. Nous avons une réelle culture du service.

P.L.G. : Quel est le bilan 2016 sur la sécurité ?J.L.G. : Nous avons eu de très bons résultats, l’ensemble des indicateurs visés ont été plus qu’atteints. La qualité de l’alimentation d’énergie progresse, la fiabilité de nos outils a augmenté. Depuis plus de quatre ans maintenant, aucun salarié d’Enedis ne s’est blessé gravement, obligeant l’arrêt du travail. La sécurité a augmenté via des formations d’accompagnement, une meilleure diffusion de l’information et diverses règles de travail que nous avons fiabilisées et développées. Sur des métiers à risque comme les nôtres, c’est un challenge de tous les jours et peut-être même le plus compliqué. Car le réussir montre que l’on est capable d’accomplir l’ensemble des missions. L’humain est un domaine compliqué, c’est une bataille permanente, il faut lutter contre la routine et rester vigilant. Nous espérons fêter nos cinq ans sans accident grave en 2017.

P.L.G. : Quels sont les projets à venir ? J.L.G. : Enedis est un acteur important dans le territoire picard. Nous accompagnons les collectivités, les entreprises, les associations, les universités… Amiens débutera en mars les travaux pour la construction du réseau de bus électrique. C’est un projet où nous avons toute notre place, nous accompagnerons la mairie car il ne peut se faire qu’avec des aménagements électriques très importants. Il faut déplacer, repositionner des câbles, créer des points de rechargement pour les batteries. Tout cela dans des délais, avec un budget et une qualité de service fiable et irréprochable. Les travaux, qui dureront deux ans, ne doivent pas non plus pénaliser la vie amiénoise. Cela représente des millions d’euros d’investissements.

P.L.G. : Accompagnez-vous la Ville pour d’autres projets ? J.L.G. : Nous avons été sollicités
pour d’autres projets : la création de la zone Frey à Amiens-Nord, la Citadelle, zone étudiante ou l’implantation d’Amazon à Boves. Ces projets ont des impacts sur les réseaux électriques, ce qui peut, selon notre capacité à réagir, à réaliser les installations nécessaires, orienter les décisions des entreprises à venir s’implanter à Amiens. C’est le cas avec Amazon : nous avons réalisé un travail de neuf mois en trois, ce qui a convaincu le groupe à s’installer ici, permettant la création de 1 500 emplois.

P.L.G. : Un changement chez les particuliers ? J.L.G. : Cette année, nous avons un changement radical avec l’arrivée de Linky, notre nouveau compteur-communicant. Actuellement, 65 000 compteurs ont déjà été remplacés en 2016 à Amiens. Cette opération va continuer durant 2017, changeant les 80 000 restants. Ce projet représente 830 000 compteurs en Picardie, ce qui se traduit par la création de 10 000 emplois, dont 181 dans la région. Linky permettra d’assurer nos services dans de meilleures conditions. Nous avons besoin d’un compteur qui nous donne les outils pour ajuster la consommation à la production. Ce système, qui se gère à distance, a une tarification plus souple. Le consommateur suivra à J+1 sa dépense d’énergie, heure par heure. Aujourd’hui, il est nécessaire de s’adapter à la demande, de diagnostiquer les besoins du client, tout en respectant le confort de vie. Le compteur-communicant existe actuellement en Italie, il se développe en Chine et en Espagne. Linky sera, lui, plus avancé technologiquement par rapport à ses concurrents.