Savoir-faire & communication autour de la Pompadour

La Pompadour, pomme de terre Label rouge, est aujourd’hui cultivée par cinq agriculteurs picards. En plus de la production capricieuse, la tubercule ne correspond pas aux critères imposés par la grande distribution. Pour contrer ces difficultés, les producteurs misent sur une communication bien rodée.

Les cinq agriculteurs ont également créé l’association Sauvons la Pompadour 2010.
Les cinq agriculteurs ont également créé l’association Sauvons la Pompadour 2010.

 

Les cinq agriculteurs ont également créé l’association Sauvons la Pompadour 2010.

Les cinq agriculteurs ont également créé l’association Sauvons la Pompadour 2010.

Aujourd’hui satisfaits de leur production, M a r c – A n t o i n e , Audouin, Olivier, Benoit & Jean-François, les cinq agriculteurs-producteurs de Pompadour se sont pourtant interrogé sur l’avenir du projet : « C’est une pomme de terre très difficile à cultiver et l’on s’est demandé si on n’allait pas arrêter, en partie à cause de ce problème de “plaisir des yeux” puisqu’aujourd’hui 80 % de l’acte d’achat est décidé par l’oeil. La Pompadour n’est pas la variété la plus “look” notamment en terme de couleur de peau, plus on avance en saison plus elle se cuivre », explique Audouin de l’Epine, agriculteur à Prouzel (Somme).
Pour contourner ce type de problème, la Pompadour, devenue un fleuron du négociant Touquet Savour également reconnu la “Ratte du Touquet”, a fait l’objet d’un positionnement bien précis. En plus d’assurer un produit de qualité avec le Label rouge, seul label en terme de goût, une communication très ciblée a été mise en place : « C’est un produit haut de gamme, il faut qu’il soit positionné en tant que tel en termes d’emballage, avec une communication sélective. Le packaging doit se différencier et les circuits de distribution aussi », commente l’agriculteur.

Le goût ne fait pas tout
Si proposer un produit de qualité ne suffit plus, c’est peut être en partie à cause la grande diversité de choix, impossible pour le consommateur de retenir trois, voire quatre variétés par famille de légume. Pour retenir l’attention des consommateurs, les producteurs s’affichent en noir et blanc sur l’emballage lui-même. Un peu plus bas, un flash-code permet d’en savoir un peu plus sur l’agriculteur et son exploitation. Sur Internet, en plus d’une page Facebook, les cinq agriculteurs s’exposent sur un site internet où l’on peut les suivre dans leurs champs, accéder à des recettes dispensées par Eric Boutté, chef étoilé de l’Aubergade et même découvrir la région picarde.
Autre approche, s’adresser aux jardiniers, une méthode simple, mais efficace comme l’explique Audouin de l’Epine : « Nous avons mis en place des jeux concours pour gagner du plant, nous avons dû envoyer près de 24 000 plants à des jardiniers depuis deux ans. Ce sont des gens qui vont se prendre au jeu et cela en fera des adeptes et de très bons ambassadeurs. Ce n’est pas explosif comme des grands moyens de communication, mais c’est durable. »

Etre proche du consommateur
L’actualité a également démontré l’importance de la traçabilité des produits alimentaires, une donnée prise en compte depuis longtemps par les producteurs de la Pompadour : « En termes de traçabilité et de proximité, c’est vrai que cinq producteurs qui font des surfaces un petit peu conséquentes, c’est facile à identifier, la traçabilité est directe. »
Aujourd’hui en vente dans plus de 400 magasins, principalement en région parisienne et dans le sud de la France les cinq agriculteurs espèrent populariser la Pompadour. « Quand la grande distribution nous réclamera, nous aurons atteint un point d’aboutissement, c’est que le produit a une bonne notoriété, mais ça à moins d’un matraquage dont nous n’avons pas forcément les moyens, cela prend entre sept et dix ans. Je pense que d’ici deux ans, ça pourra basculer », conclut Audouin de l’Epine.