Finances

Sortie de crise : Bercy restreint fortement les mesures de soutien

Fin du Fonds de solidarité, poursuite des aides aux secteurs encore touchés par la crise... Bercy cherche la voie pour démanteler le dispositif massif de soutien aux entreprises mis en place durant la crise, tout en évitant la casse. La CPME alerte sur les risques liés au remboursement des prêts garantis par l’État (PGE).

Sortie de crise : Bercy restreint fortement les mesures de soutien

Après les mesures d'urgence généralisées, le ciblage sectoriel et géographique. Le 30 août, Bruno le Maire, ministre de l’Économie, a annoncé comment allaient évoluer les dispositifs de soutien aux entreprises touchées par les restrictions sanitaires déployés depuis mars 2020. Mesure phare, le Fonds de solidarité devrait disparaître fin septembre. Et les critères d'éligibilité deviennent plus restrictifs : il faut avoir réalisé 15% du chiffre d'affaires au minimum par rapport à septembre 2019. Une manière d'inciter les entreprises à reprendre leur activité. A contrario, le dispositif de remboursement des frais fixes est élargi à partir du 1er octobre : il bénéficie aussi aux entreprises réalisant moins de 1 million d’euros de chiffre d'affaires mensuel. La mesure prévoit l'indemnisation de 90% des charges fixes, comme les loyers, non couvertes par les recettes. Le taux descend à 70% pour les entreprises de plus de 50 salariés. « Nous devons sortir du quoi qu'il en coûte mais pas abandonner du jour au lendemain certains secteurs » a déclaré Bruno Le Maire. À ce titre, les entreprises dont l'activité continue à être perturbée par la pandémie vont conserver le bénéficie de mesures de soutien spécifiques. C'est notamment le cas dans l'hôtellerie, la restauration, les bars, l'événementiel, ou encore le tourisme. Par exemple, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État en charge du Tourisme, a annoncé un projet de prêts spécifiques. Il est destiné à aider les agents de voyage, afin qu'ils puissent rembourser les à-valoir consentis l'an dernier à leurs clients qui n'ont pu partir, d'après le quotidien économique Les Échos.

Inquiétude sur le remboursement des PGE

Cas particulier, les départements d'outre-mer , encore très touchés par la pandémie : l'intégralité des dispositifs de soutien est maintenue en cas de fermeture administrative. Globalement, les annonces de Bruno Le Maire s'inscrivent dans un contexte de diminution du recours aux dispositifs de soutien par les entreprises. Ainsi, d'après Bercy, le nombre de dossiers instruits au titre du Fonds de solidarité a diminué, passant de 500 000 en mai à 50 000 en juillet. Quant au recours au chômage partiel, il a également baissé. D'après le ministère du Travail, il est passé de 1,4 million de salariés concernés en juin à 0,6 million en juillet.

Les annonces de Bercy ont été diversement accueillies par les syndicats patronaux. Le 25 août dernier, lors de la Rencontre des entrepreneurs de France (Ref) du Medef, son président, Geoffroy Roux de Bézieux a approuvé la fin du « quoi qu'il en coûte » et le choix d'un soutien ciblé sur les secteurs encore touchés par la pandémie. Mais lors d'une interview sur France Info, le 30 août, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), a exprimé son inquiétude quant aux capacités des petites entreprises de rembourser les PGE, prêts garantis par l’État. Pour lui, le délai devrait être étendu à cinq, voire, idéalement, 10 ans, sous peine de voir se multiplier les faillites. « Si on ne le fait pas, on risque d'avoir dépensé en pure perte l'effort massif, il faut le souligner, et efficace de l’État », a-t-il déclaré.