Ukraine : les forces économiques régionales se mobilisent

La CCI Hauts-de-France se veut proactive. S'il est encore trop tôt pour mesurer les dégâts de la crise ukrainienne sur l'économie régionale, l'organisme consulaire monte une task force à destination de toutes les entreprises en lien avec l'Ukraine et la Russie.

Étienne Mourmant, consul honoraire d'Ukraine et Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France.
Étienne Mourmant, consul honoraire d'Ukraine et Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France.

L'économie est encore en train de se remettre du Covid qu'une nouvelle crise vient plomber l'actualité. Même si la part des échanges vers l'Ukraine est relativement faible en Hauts-de-France – 0,3% du PIB régional –, nul doute que la guerre actuelle aura des effets pour l'ensemble des acteurs économiques. Une quarantaine d'entreprises régionales exportent vers l'Ukraine (le 43e pays d'export en région) et sont accompagnées par la Team France Export.

« Il s'agit essentiellement de produits chimiques, de parfums et de cosmétiques mais aussi du caoutchouc, des plastiques et des machines industrielles et agricoles », précise Grégory Stanislawski, directeur des études à la CCI Hauts-de-France. La dépendance est plus importante avec la Russie, 13e pays d'export des Hauts-de-France (1,2%) et 11e d'import (2,5%), avec 169 entreprises accompagnées sur ce marché. « Nous dépendons fortement des hydrocarbures : on en importe 40%, ainsi que 24% de produits pétroliers. »

Les secteurs d'activités déstabilisés

Derrière ces chiffres, la crainte que les entreprises stoppent leurs projets, la restriction des importations mais aussi l'augmentation du prix du gaz et du pétrole, en plus de celui du cours des céréales, du blé et du lait. À eux deux, l'Ukraine et la Russie représentent 29% des exportations de blé mondial (17% pour la Russie et 12% pour l'Ukraine)...

« L'agriculture subissait déjà des hausses importantes. L'Ukraine, c'est 30% des céréales mondiales, on ne manquera pas d'alimentation en France car notre production est importante mais cela risque de déstabiliser le pays. 43% des engrais européens viennent d'Ukraine et de Russie : nous sommes inquiets pour les mois qui viennent », craint Olivier Dauger, président de la Chambre régionale d'agriculture. Une couche supplémentaire pour l'agriculture alors que les conditions et les discussions sont d'ores et déjà tendues avec la grande distribution.

Actions de solidarité

Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France est clair : « Les échanges sont en train de se bloquer. » La CCI a donc mis en place une task force – à l'image de celle montée pour la crise Covid et le Brexit –, à destination des entreprises. Une plate-forme téléphonique sera entièrement dédiée à l'accompagnement des 200 entreprises régionales directement en lien avec les marchés ukrainiens et russes. « On va aussi les sensibiliser à la cybersécurité car les TPE/ PME n'ont pas toujours les moyens de se défendre. L'État prépare des mesures d'aides et nous allons les relayer », poursuit Philippe Hourdain.

Face à la situation, la CCI et ses partenaires lance l'opération "Solidarité Ukraine Entreprises Hauts-de-France" avec une campagne de crowdfunding pour permettre aux entreprises régionales de prendre part au mouvement de solidarité par des dons financiers. Les locaux et entrepôts de la chambre seront aussi mis à disposition pour stocker les marchandises. « On travaille avec les logisticiens pour rendre disponible une partie de nos entrepôts. »

Étienne Mourmant, chef d'entreprise et consul honoraire d'Ukraine, confirme la situation tendue : « Les entreprises sur place essaient de travailler là où c'est possible mais elles sont au ralenti. La mobilisation est générale, les activités de transport sont impossibles car les hommes sont réquisitionnés au combat. Il y a beaucoup d'incertitudes. »