Consommation

La consommation bio à la hausse dans les Hauts-de-France

L’Observatoire régional de l’agriculture biologique (Orab) a publié sa huitième étude sur la consommation bio dans les Hauts-de-France. Comme l’ont constaté Bio en Hauts-de-France et A Pro Bio, en charge du recueil et de l’analyse des données : « Les chiffres 2020 soulignent une fois encore la dynamique du développement bio enclenché en région », qui a rattrapé son retard en la matière.

Les Hauts-de-France ont rattrapé leur retard en matière de consommation bio. (c)AdobeStock
Les Hauts-de-France ont rattrapé leur retard en matière de consommation bio. (c)AdobeStock

Évaluer la consommation en produits bio, connaître les motivations de consommation et d’achat, identifier les circuits de distribution privilégiés par les consommateurs bio, mesurer leur niveau de connaissance des produits biologiques régionaux et anticiper les nouvelles tendances de consommation dans les Hauts-de-France : voilà pour les objectifs, ambitieux, de cette nouvelle étude.

« Nous avons rattrapé le niveau de consommation national »

Le bio a beaucoup été mis sur le devant de la scène durant la crise sanitaire, mais la tendance de consommation à la hausse avait déjà commencé avant. « La région était un peu à la traîne, reconnaît Diane Mazuel, directrice d’A Pro Bio. Mais les résultats de cette étude menée en 2020 sont enthousiasmants : nous avons rattrapé le niveau de consommation national. »

Aujourd’hui, près de 4 habitants sur 5 (77%) de la région consomment des produits alimentaires bio au moins une fois par an (89% au niveau national), les consommateurs occasionnels (au moins une fois par mois) représentent 16% de la population des Hauts-de-France, avec une surreprésentation des 18-24 ans (31%). A contrario, 23% des habitants de la région ne consomment jamais de produits bio, contre 11% en France.

« Depuis quelques années, nous avons constaté une stagnation du côté des magasins spécialisés bio, avec plutôt une augmentation des GMS, principal circuit d’achat, à 51%, nous travaillons également avec elles pour les inciter à proposer à la vente du bio de producteurs locaux. Il faut aussi mobiliser l’ensemble des réseaux de distribution : les commerçants, artisans, restaurateurs, boulangers, etc. », observe Pia Leveille, chargé de missions pôle Entreprises et filières chez A Pro Bio.

Si la consommation de fruits et légumes bio arrivent depuis quelques années en tête (à 96%), de plus en de boissons sont aujourd’hui estampillées bio dans les Hauts-de-France. « C’est particulièrement visible chez les brasseurs, une cinquantaine sur les 200 que compte la région utilisent du houblon ou de l’orge bio et locaux », note Pia Leveille. Et de nouvelles boissons bio, comme le kombucha, émergent. « Les porteurs de projets que j’accompagne sont en général très versés dans l’innovation, et débutent directement leur activité 100% en bio et local », constate-t-elle.

Consommer bio : avant tout une question de santé.

Un Plan bio pour développer des filières équitables et sensibiliser les consommateurs

Créée en 1994 pour promouvoir et développer la filière bio dans la région, l’association A Pro Bio s’est fixé trois grands axes : structurer et relocaliser les filières bio des Hauts-de-France, en accompagnant notamment les porteurs de projet, développer le bio local sur les territoires et promouvoir l’activité bio en communiquant auprès de tous les publics. « On sent que le besoin d’accompagnement et de compréhension de lecture de la filière est de plus en plus fort », note Diane Mazuel.

A Pro Bio est aussi partie prenante du Plan bio Hauts-de-France, mis en place depuis de nombreuses années déjà et renouvelé l’an prochain. Le dispositif est porté par la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) et la Région, en partenariat avec les deux agences de l’eau de Hauts-de-France et les cinq départements. Côté partenaires techniques, on retrouve Bio en Hauts-de-France, qui travaille plus sur l’amont de la filière, A Pro Bio pour l’aval, la Chambre d’agriculture, qui accompagne elle les producteurs en conversion.

« Le Plan bio est divisé en quatre axes : le développement de la production, des filières bio équitables, la recherche et la formation et le développement de la consommation, sur lequel A Pro bio est pilote. Dans un premier temps, il s’agissait plutôt de promouvoir les produits bio régionaux auprès des consommateurs. Nous avons également développé depuis une dizaine d’années de nombreux outils pédagogiques de sensibilisation aux enjeux de l’agriculture et de l’alimentation bio. Actuellement nous mettons en place des défis citoyens à grande échelle, l’idée étant de mobiliser une centaine de foyers durant plusieurs mois autour des thématiques de l’alimentation, pour qu’ils en maîtrisent les enjeux et que nous leur apportions les réponses opérationnelles afin de changer leurs pratiques au quotidien », explique Diane Mazuel.

A Pro Bio organise régulièrement des événements pour sensibiliser les consommateurs, comme ici avec un Escape game sur les perturbateurs endocriniens.

Lever les freins et structurer les productions

Le principal frein à la consommation bio, pour 88% des consommateurs bio (et pour 64% des non-consommateurs), reste le prix, d’où le gros travail mené par A Pro bio envers les consommateurs dans le rééquilibrage de leurs dépenses alimentaires. « Notre projet, c’est de développer des filières pérennes, rentables, équitables et qui rémunèrent correctement les producteurs. Ce qui passe aussi par l’éducation des consommateurs », sourit Diane Mazuel. Des consommateurs, de produits bio ou non, qui attachent à 89% de l’importance à consommer local.

L’association s’est également attelée à la structuration de filières bio régionales de grande consommation. « Depuis 2015, nous travaillons sur la filière pain, avec le P’tit Nord, une marque déposée, et depuis 2017, sur la filière bière », précise la directrice d’A Pro Bio. Cette année, c’est sur la structuration de la filière vrac que s’est penchée l’association, en partenariat avec Réseau Vrac.

A Pro Bio œuvre aussi en lien avec les territoires, en accompagnant les projets alimentaires territoriaux, « notamment l’introduction de produits bio dans la restauration collective pour coller aux objectifs de la loi EGalim [ndlr, qui imposera au 1er janvier 2022 des repas comprenant 50% de produits durables dont 20% de produits biologiques] », reprend Diane Mazuel.

Les changements d’habitude alimentaires sont déjà en marche dans les Hauts-de-France : 59% des habitants les ont modifiées au cours des trois dernières années (contre 58% au niveau national), notamment les consommateurs bio, à 65%, en cuisinant davantage, en achetant plus de produits locaux et en limitant le gaspillage.

Principal frein à la consommation bio : le prix.

Les chiffres clés du bio en Hauts-de-France :

  • 1 347 fermes (+160 comparé à 2019), soit trois fois plus qu’en 2015.
  • 52 651 hectares de terres exploitées en bio ou en conversion (2,5% de la SAU régionale), avec des surfaces multipliées par deux en cinq ans.
  • 28 312 tonnes récoltées entre 2019 et 2020 (grandes cultures).
  • 7,2% de l’emploi direct agricole régional.
  • 2 023 opérateurs de l’aval bio.
  • 144 magasins.
  • 162 grossistes-négociants.