Le gouvernement répond à l’appel au secours de l’agroalimentaire

Lors du Salon international de l’agriculture, le gouvernement a annoncé un vaste plan de soutien à la filière agroalimentaire française, très fragilisée par la conjoncture actuelle.

(c) Adobe Stock
(c) Adobe Stock

L’appel au secours a été lancé en octobre dernier par l’ensemble de la filière, des producteurs (les agriculteurs) aux transformateurs (fabricants et industriels de l’agro-alimentaire) en passant par les distributeurs (commerces indépendants et enseignes). Tous se sont mobilisés pour alerter le gouvernement sur les difficultés rencontrées par les entreprises de la filière agroalimentaire, en raison de la hausse des coûts de production liée à l’inflation (prix des emballages, de la logistique, des matières premières agricoles…) et à l’alourdissement des factures d’électricité et de gaz. Toutes ces entreprises ne peuvent pas répercuter cette hausse des coûts et, lorsqu’elles le font, l’impact est très sensible pour les consommateurs, car il s’agit de produits du quotidien.

Des difficultés conjoncturelles

Cette conjoncture économique très particulière vient menacer des activités déjà fragilisées par les effets du changement climatique sur les productions agricoles, en France comme ailleurs. Dans un rapport publié en novembre 2022, sur « L’inflation des produits alimentaires », l’Inspection générale des finances (IgF) a constaté que « depuis janvier 2021, les tensions inflationnistes, en particulier sur les produits alimentaires, ont atteint des niveaux sans précédent depuis 40 ans » et que « l’industrie agroalimentaire pourrait rencontrer des difficultés significatives à produire les produits alimentaires, dans les mois qui viennent ».

Un plan de soutien en trois volets

Face à ces difficultés, le gouvernement a annoncé un plan de soutien à la filière agro-alimentaire, le 3 mars dernier, à l’occasion du Salon international de l’agriculture. Le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, et le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure ont présenté un dispositif de soutien aux 16 400 entreprises du secteur (essentiellement des TPE et PME) qui doit permettre d’accélérer les transitions énergétiques, écologiques et environnementales des industriels de la transformation alimentaire et renforcer leur compétitivité, notamment à l’export. Ce plan comprend trois volets : un soutien en trésorerie, un plan d’accompagnement à l’export et un dispositif destiné à améliorer la compétitivité de la filière, via la consolidation et l’investissement et l’accélération de la transition écologique.

Des mesures d’urgence pour soutenir les trésoreries

Des facilités de paiements vont être accordées aux entreprises de la filière pour plusieurs types de charges. En matière fiscale, les entreprises en difficulté vont pouvoir solliciter des reports de paiement de l’impôt sur les sociétés, la contribution foncière des entreprises et la cotisation sur la valeur ajoutée. En matière de charges sociales, elles vont également pouvoir demander des délais de paiement sur les cotisations patronales.

Un programme d’accompagnement à l’export

Pour aider les chefs d’entreprise du secteur agroalimentaire à exporter et à se développer à l’international, le gouvernement va leur proposer un programme de formation et d’accompagnement sur plusieurs mois. Intitulé « Booster l’industrie agroalimentaire » et assuré par Business France, le dispositif doit aider ces entreprises à mettre au point une stratégie de croissance sur les marchés internationaux et les soutenir dans la conquête de nouveaux marchés. Il devrait être complété par d’autres mesures présentées par le ministre du Commerce extérieur, Olivier Becht.

Des financements pour améliorer la compétitivité de la filière

Le plan prévoit la création d’un fonds d’investissement public-privé de 500 millions d’euros, dont 200 millions d’euros apportés par l’État, pour consolider la filière et faciliter la croissance des PME. L’octroi de ces crédits en fonds propres doit aussi contribuer à la transition écologique du secteur. En parallèle, le gouvernement va faciliter l’accès des entreprises agroalimentaires aux volets décarbonation et robotisation du plan d’investissement France 2030, pour accélérer la modernisation d’une filière qui est aujourd’hui moins robotisées que les autres industries en France et que leurs concurrents européens. Les coopératives agricoles ayant des activités industrielles devraient elles aussi avoir accès à ces financements.

Panorama des industries agroalimentaires en France

À l’occasion du Salon international de l’alimentation (SIAL) qui s’est tenu en octobre dernier, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a publié un panorama des industries agroalimentaires en France. Ce dernier fournit de nombreuses informations sur ce secteur représenté par plus de 16 000 entreprises et employant près de 440 000 salariés.

Les industries agroalimentaires incluent toutes les entreprises dont l’activité principale fait partie des industries alimentaires et de la fabrication des boissons, à l’exclusion de l’artisanat commercial (boucherie, charcuterie, boulangerie et pâtisserie artisanales). Elles commercialisent leurs produits auprès d’autres industries agroalimentaires et de circuits de distribution (grossistes, grandes et moyennes surfaces, commerces de détail, restauration hors domicile) ou directement auprès de consommateurs.

Composé essentiellement de TPE (81%) et PME (17%), ce secteur comprend aussi des multinationales implantées dans le monde entier. À elles-seules, les ETI et les grandes entreprises réalisent plus de 80% du chiffre d’affaires de l’industrie agroalimentaire française (198 milliards d’euros) et plus 90% du chiffre d’affaires à l’exportation. Le secteur des produits laitiers est le premier contributeur au chiffre d’affaires, devant celui de la viande et de la préparation à base de viande, et celui de la fabrication de boissons.