Pôle emploi Oise : « Nous avons observé une baisse du nombre de demandeurs d’emploi intéressante »

Estelle Charles, directrice territoriale Pôle emploi Oise, revient sur l’année 2022 et évoque le marché de l’emploi en 2023.

Estelle Charles, directrice territoriale Pôle emploi Oise. © Pôle emploi
Estelle Charles, directrice territoriale Pôle emploi Oise. © Pôle emploi

Gazette Oise : Comment a évolué le taux de chômage, en 2022, dans l’Oise ?

Estelle Charles : Nous avons observé une baisse du nombre de demandeurs d’emploi intéressante. Notre département est très dynamique, avec un taux de chômage de 7,6%, qui est le plus bas des Hauts-de-France. La moyenne régionale est de 9%. Par rapport à l’année dernière, nous avons perdu 12,2% de demandeurs d’emploi dans la catégorie A (personnes qui n’ont eu aucune activité). À l’intérieur de cette catégorie, tous les profils sont concernés par cette baisse. Par exemple, les demandeurs d’emploi de longue durée ont baissé de 13,5%. Les bénéficiaires du RSA, les personnes porteuses de handicap, ou celles habitants dans les quartiers prioritaires de la ville sont également en diminution. C’est, bien sûr, satisfaisant. Mais nous voulons tendre vers des chiffres plus bas encore.

Quelles sont les raisons de ces évolutions ?

Cela s’explique par plusieurs modèles de travail. Depuis plus d’un an maintenant, Pôle emploi a mis en place un parcours de remobilisation au niveau national qui zoom sur les personnes les plus en difficulté. Au travers de séances collectives et individuelles, il s’agit de lever les freins périphériques au retour à l’emploi : la mobilité, la santé… C’est un axe que nous avons fortement développé dans l’Oise. Toutes les agences isariennes mettent en place plusieurs parcours de remobilisation de façon hebdomadaire. Nous travaillons par thématique, selon les problèmes rencontrés, et avec plusieurs partenaires.

Qu’en est-il des jeunes ?

Nous travaillons aussi avec les jeunes et voulons les aider à mettre le pied à l’étrier pour qu’ils ne basculent pas dans la catégorie "demandeurs d’emploi de longue durée". Nous leur faisons découvrir le monde du travail, notamment dans le cadre du contrat d’engagement jeune et en favorisant fortement la période d’immersion en entreprise. Le jeune, qui a parfois eu des idées un peu tronquées, peut ainsi se projeter et imaginer son évolution. Cela nous a permis de baisser, en un an, de 15,9% le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans.

Les entreprises sont-elles demandeuses pour accueillir des jeunes ?

Dans certains cas, nous devons faire preuve de pédagogie auprès des entreprises qui peuvent avoir des appréhensions. Par exemple, quand on parle de jeunes résidant dans les quartiers prioritaires de la ville, bien souvent, on y associe délinquance, difficultés… Pourtant, ces quartiers regorgent de pépites et de talents ! Nous expliquons également aux chefs d’entreprise les politiques publiques auxquelles ils peuvent prétendre dans ce cas, par exemple, c’est l’emploi franc. Ces aides financières viennent sécuriser une embauche face aux incertitudes économiques actuelles.

Quels autres dispositifs proposez-vous aux entrepreneurs ?

Nous avons de nombreux outils innovants. Par exemple, nous organisons le stade de l’emploi, en partenariat avec la ligue d’athlétisme. Recruteurs et demandeurs d’emploi se retrouvent autour du sport sans savoir qui est qui. C’est un moyen de faire abstraction du CV pour se concentrer sur les comportements, les compétences transverses et les habilités. Nous avons par ailleurs travaillé à mettre en place des séances d’équicoaching qui participent à redonner confiance au demandeur d’emploi. À l’issue de la dernière session, cinq des six participants ont déjà trouvé un emploi.

Quels seront les grands chantiers à venir ?

Nous allons poursuivre nos efforts sur les secteurs plus particulièrement en tension, notamment la santé humaine et l’action sociale (23% des offres départementales), les activités de services administratifs (12%). S’y ajoutent les parcs de loisirs. En 2022, nous avons enregistré une hausse des offres de 85 % des offres d’emploi dans ce secteur des loisirs par rapport à l’année dernière. Le panel des métiers est très large et peut déboucher, à terme, sur des CDI. Nous avons travaillé avec le Parc Astérix, notamment au travers du dispositif emploi franc. Depuis le début de l’année, une trentaine de personnes ont ainsi été embauchées durablement après un emploi saisonnier. Nous allons également mettre en place le plan national "Vivier demandeurs d’emploi" qui se concentre sur les services à la personne, l’hôtellerie restauration et le transport.

Quel conseil donneriez-vous aux entreprises qui recrutent ?

Je leur conseille de contacter l’agence la plus proche pour s’informer et faire le point. Chaque agence possède une équipe dédiée aux entreprises qui connaît parfaitement le territoire et répond à toutes les questions.