Recrutements de cadres : un niveau record atteint en 2022

Le recrutement de cadres a battu des records, en 2022, et devrait rester élevé cette année, avec des prévisions à haut niveau, selon l’Association pour l'emploi des cadres.

(© Adobe Stock)
(© Adobe Stock)

Pas moins de 308 300 embauches en 2022. La barre symbolique des 300 000 embauches en CDI et contrats à durée déterminée d’au moins un an et plus a été franchie pour la première fois en France, en 2022, chiffre l’Apec. « Un record historique », affirme l'association. Soit une hausse de 14,6% par rapport à 2021. Le précédent record, de 2019, a donc été largement battu (+9,6 %). L’Association souligne également, en réponse aux difficultés de recrutement, un nombre de promotions internes à un poste de cadre inédit – 63 500 en 2022, soit une hausse de 14% par rapport à 2021. En parallèle, le marché a dû faire face à un nombre élevé de sorties, avec 291 700 au total (démissions, licenciements et ruptures conventionnelles, départs à la retraite), soit une hausse de 12% vs 2021, dont 39 500 départs à la retraite (-2%).

80 200 créations nettes de postes

Au final, les embauches et promotions internes, diminuées des sorties, montrent que les créations nettes de postes de cadres ont été de 80 200 l’an dernier, vs 63 500 en 2021 et 37 100 en 2020. Soit un « très haut niveau en 2022 ». Cette dynamique concerne toutes les régions, notamment les Hauts-de-France, la Provence-Alpes Côte d’Azur, l’Occitanie (+16% pour chacune), également l’Ile-de-France et Auvergne Rhône-Alpes (+15%).

En termes de profils, cette dynamique semble avoir profité à tous, que ce soit les cadres d’un à cinq ans d’expérience (31% des recrutements en 2022), de six à 10 ans d’expérience (26%) ou de plus de 10 ans (26%), et dans une moindre mesure, des cadres de moins d’un an d’expérience (17%). Quant à l’insertion des jeunes diplômés, elle se porte bien, avec 88% des bac+5 qui occupent un emploi dans les 12 mois après l’obtention de leur diplôme pour une rémunération médiane de 32 000 euros bruts annuels.

Prévisions équivalentes pour 2023

En 2023, les niveaux de recrutements de cadres sont à nouveau très élevés avec une prévision équivalente à 2022, soit 308 300 embauches. « Les intentions d'embauche de cadres pour l'année 2023 sont exceptionnellement élevées et, à ce stade, elles ne marquent aucun ralentissement après les 308 000 recrutements déjà réalisés en 2022 », commente Gilles Gateau, directeur général de l'Apec.

Néanmoins, « si les intentions d'embauches se maintiennent à un très haut niveau, la situation est contrastée selon les régions. Les disparités de recrutements dans les secteurs expliquent ces différences territoriales », poursuit le Dg. Certaines régions se montrent ainsi toujours plus dynamiques, notamment les régions PACA, Occitanie, Ile-de-France, Auvergne Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire. En termes de secteurs, ce sont les services à forte valeur ajoutée qui sont les plus moteurs, bien au-dessus de leur niveau d’avant crise, et qui profitent aux régions dans lesquelles ils sont particulièrement bien implantés : activités informatiques et télécommunications, ingénierie et R&D, activités juridiques, comptables et conseil et banques et assurances. « Acteurs centraux des dynamiques et des transformations structurelles en cours, ces secteurs semblent immunisés des aléas conjoncturels », affirme l’étude. Au final, trois fonctions totaliseraient un recrutement sur deux : informatique ; études, recherche & développement ; commercial et marketing.

Des ajustements sur les salaires au temps partiel

Reste qu’au premier trimestre 2023, huit entreprises sur dix anticipaient des difficultés de recrutement. Pour les faire aboutir, elles se disent ouvertes à des ajustements à court terme sur le salaire ou accéder à d’autres demandes des candidats, notamment dans les TPE et PME, comme des avantages supplémentaires, du temps partiel, plus de jours de télétravail, voire à supprimer la période d’essai. « Ces résultats optimistes ne peuvent masquer les tensions de recrutement qui persistent. Un quart des entreprises qui avaient prévu de recruter en 2022 ont renoncé, au moins une fois, à embaucher un cadre, faute de candidats », note Gilles Gateau.

Si « le spectre d’un épisode récessif semble écarté », les prévisions optimistes de l’Apec restent soumises à de nombreux aléas – niveau d’inflation toujours très haut en 2023 et consommation des ménages atone, risques géopolitiques très présents, instabilité bancaire préoccupante et risque d’enlisement des conflits sociaux liés à la réforme des retraites, liste l’étude. Certains secteurs, comme l’industrie, le commerce et la construction, semblent plus atones. Dans la construction, l’étude pointe un « retournement de tendance », avec -7% d’intentions d’embauches de cadres et un retournement du marché qui se formalise par « une chute des mises en chantier et des dépenses d’investissements des ménages dans l’immobilier ». Aussi, une baisse du recrutement de cadres de 9 % dans le commerce. En conséquence, « les territoires dotés d’un tissu économique à forte spécificité industrielle (Grand-Est, Normandie, Hauts-de-France) devraient marquer le pas, avec des volumes d’embauches de cadres en baisse en 2023 », explique l’étude. Même constat en Nouvelle-Aquitaine (-9 % des recrutements de cadres) et Bourgogne-Franche-Comté (-7 %), des régions victimes elles aussi des difficultés de leur industrie ou du BTP.