Réunir les entreprises pour lutter contre la pénurie de main-d'œuvre

Réunir les entreprises pour lutter contre la pénurie de main-d'œuvre

Philippe Martinez, directeur général d’Adecco France, et Stéphane Lesur, directeur de la zone Lille Métropole.

Leader mondial de l’intérim, Adecco est un acteur incontournable de l’emploi en Hauts-de-France. En partenariat avec la Région, le premier employeur privé de l’Hexagone a mis en place des pôles de compétences partagés (PCP) pour contrer la pénurie de main d’œuvre. Rencontre avec Philippe Martinez, directeur général d’Adecco France, et Stéphane Lesur, directeur de la zone Lille Métropole.

Picardie la Gazette : Comment se porte l’emploi intérimaire dans la région ?

Philippe Martinez : L’emploi intérimaire suit une tendance globalement positive depuis 18 mois et la reprise est assez générale. La réalité est simple : les entreprises ont besoin de flexibilité et la conjoncture est plus favorable qu’il y a deux, trois ans. En Hauts-de-France, on compte plus de 13 000 collaborateurs intérimaires. C’est un marché en croissance qui s’éloigne de plus en plus de son image traditionnelle. À l’échelle nationale, les intérimaires représentent entre 5% et 10% des actifs depuis un an.

P.L.G. : Quel est concrètement l’objectif du dispositif “Pôles de compétences partagés” (PCP) ?

P. M. : Nous avons signé une convention avec le conseil régional fin 2016 pour la création de pôles de compétences partagés. Les PCP sont une solution contre la pénurie de main d’œuvre et réunissent des entreprises d’un même secteur d’activité et d’un même bassin d’emploi. Adecco s’engage à recruter, former et mettre à disposition des collaborateurs en CDI intérimaire. Une solution qui constitue pour les entreprises une valeur supplémentaire de recours à l’intérim : des collaborateurs mieux formés, davantage de sécurité et de continuité dans la relation avec les intérimaires. L’objectif d’ici fin 2017 est de recruter 350 personnes en CDI intérimaire. Au niveau national, l’enjeu est de déployer ce dispositif sur cinquante bassins d’emploi avec, à la clé, la signature de 5 000 CDI intérimaires d’ici fin 2017. Il existe aujourd’hui cinq PCP (automobile dans le Valenciennois, logistique dans la métropole lilloise et Douai, logistique à Dourges, aéronautique à Merville), et prochainement deux nouveaux PCP dans l’industrie. C’est une véritable innovation dans le sens où l’on offre à la fois une formation initiale, une formation continue et un parcours d’accompagnement.

« L'emploi intérimaire suit une tendance globalement positive depuis 18 mois », selon Philippe Martinez.

P.M. : Il s’agit d’une très belle avancée. Le “CDII” amène de la flexisécurité. Nous nous sommes engagé vis-à-vis du gouvernement à créer entre 15 000 et 20 000 emplois sur trois ans. En région, près de dix CDII sont créés par agence, ce qui porte aujourd’hui son nombre à 800 en Hauts-de-France en un peu plus de deux ans d’existence. Les CDI intérimaires sont référencés sur trois qualifications et sont obligés d’accepter une mission à 50 kilomètres de rayon de leur domicile.

P.L.G. : Quels sont les secteurs d’activité porteurs dans les Hautsde-France ?

P.M. : L’intérim est extrêmement réactif dans tout ce qui touche à l’hôtellerie-restauration. Mais il cartonne également dans les transports, la logistique, l’automobile ou encore le BTP. En revanche, le commerce est en difficulté dans la région. En ce qui concerne les métiers en tension (conducteur de train, pâtissier, boucher…), nous sommes engagés dans une politique d’alternance dans le cadre d’une convention avec l’Afpa. Nous sélectionnons les métiers en tension, nous trouvons des jeunes motivés et choisissons les écoles et centres de formation. La SNCF et Eurotunnel ont, par exemple, déjà accueilli leur deuxième promotion d’alternants.

P.L.G. : Quels profils Adecco recherche aujourd’hui ?

P.M. : Dans un marché où tout va très vite, c’est extrêmement compliqué de recruter le bon profil. Mais nous recherchons avant tout des gens ponctuels, qui font preuve de savoir- être et d’un esprit d’équipe et qui ont la volonté d’apprendre.