Télétravail total : pour le meilleur chez AssessFirst

Depuis le 12 mars, l’entreprise de tech AssessFirst, qui compte 60 collaborateurs, a fait un choix radical, celui de passer en 100% télétravail. Pour la plus grande satisfaction de ses collaborateurs, comme des dirigeants.

(c)Assesst First
(c)Assesst First

« Jamais je ne reviendrai en arrière ! » C’est le cri du cœur de David Bernard, cofondateur et CEO d’AssessFirst. Cette entreprise de 60 collaborateurs a renoncé à ses bureaux parisiens, rue du Sentier (2ème), pour passer en 100% télétravail. « À l’ère industrielle et du travail à la chaîne, travailler tous dans une même unité de temps et d’espace avait un sens qui n’en a plus dans une économie de services, avec une activité 100% digitale où tout peut se faire à distance », justifie le dirigeant. L’entreprise créée en 2002, qui développe une solution RH de recrutement prédictif pour permettre aux entreprises d’anticiper la capacité des candidats et collaborateurs à réussir et à s’épanouir en poste, revient de loin. « Avant le premier confinement, on n’avait qu’une seule personne en 100% télétravail, basée à Marseille. On faisait du télétravail à la marge, à raison d’un à deux jours par semaine, grand maximum », explique David Bernard. 

Formaliser ses process

Pressée par les annonces de confinement des pays européens voisins, l’entreprise décide, le 12 mars, de faire un test de télétravail total pour l’ensemble de ses salariés. Et a finalement été contrainte de poursuivre l’expérience pendant deux mois. « Notre organisation se prête bien au télétravail, on dispose de toutes les nouvelles technologies et des outils digitaux de communication, d’échange et de partage des fichiers, même s’il a fallu mieux formaliser nos process. » L’entreprise a notamment créé une sorte de Wikipédia interne via le logiciel “Notions” pour rassembler toutes les informations utiles au travail de chacun. 

« Formaliser l’ensemble de nos process a été un bon exercice et nous a permis de distinguer les points cruciaux des choses qui étaient plus annexes. Et notamment de supprimer 80% de réunions inutiles. Ces process nous ont également permis d’accélérer notre vitesse de prise de décisions – celle-ci a été multipliée par deux– et que celles-ci soient à la fois mieux réfléchies et enrichies par la possibilité pour chaque collaborateur de faire des suggestions, via les fils de discussion numériques »

L’entreprise a par ailleurs dû revoir son process d’on-boarding . « C’est d’autant plus important, notamment lorsque l’on recrute des profils plus juniors, qu’ils aient toutes les informations utiles ». Un process cadré notamment par le book de l’entreprise regroupant 16 grands principes, que ce soit sur les prises de décisions, les attitudes souhaitables… et une liste de choses à faire à son arrivée. « Le nouveau venu doit, par exemple, rencontrer cinq personnes de cinq équipes différentes pour s’imprégner de la culture de l’entreprise. » 

Forte de son expérience, l’entreprise a finalement décidé de basculer en full remote pour l’ensemble de ses salariés. Au mois de juillet, les dirigeants ont partagé leurs réflexions sur la généralisation du télétravail avec les salariés et remporté adhésion et enthousiasme. Pour que chacun puisse s’équiper convenablement, outre l’ordinateur portable fourni par l’entreprise, celle-ci a défini des budgets en conséquence : chaque collaborateur bénéficie ainsi de 1 600 euros pour s’installer et améliorer son espace de travail, dont 50% financés par l’entreprise, que ce soit pour acheter une chaise ergonomique, un bureau, des étagères, une webcam etc. Les salariés reçoivent en outre une indemnité légale de 50 euros, correspondant au surcoût lié à l’électricité et à leur connexion Internet. Enfin, l’entreprise offre 3 000 euros, par an et par salarié, pour prendre un coworking ou leur permettre de se retrouver n’importe où avec des membres de leur équipe et s’organiser comme ils le souhaitent.

Choisir son lieu de vie

Ainsi, en janvier, dix à 12 collaborateurs de l’entreprise partiront pour un mois en Thaïlande. « L’idée est de permettre à nos salariés de travailler de là où ils veulent. D’ailleurs, je suis moi-même à Tenerife », confie David Bernard. Cette nouvelle organisation permet aux collaborateurs de se créer une vie sur mesure, de ne plus subir les contraintes et la routine liées à un bureau physique et de s’organiser comme ils le souhaitent. « Pourquoi forcer des gens à prendre le métro pendant une heure le matin et une heure le soir et les contraindre à des rythmes qui ne sont pas les leurs lorsque l’on peut faire autrement ? » 

Depuis la mise en place du télétravail total, près de la moitié des collaborateurs d’AssessFirst ont  ainsi quitté la capitale pour la campagne ou des villes en régions, d’autres pour l’étranger, comme San Francisco, Berlin ou l’Angleterre. Forcément, cette organisation contraint l’entreprise à s’adapter, notamment aux différents fuseaux horaires. Mais ce choix permet aux salariés de changer de trajectoire de vie, et donc de s’épanouir : « Une personne heureuse est une personne beaucoup plus productive ». Le bilan économique est positif puisque l’entreprise a réussi à maintenir son activité. « Nous avons réalisé 100% de l’objectif que nous nous étions fixés pour le premier semestre 2020 (prévisions pré-Covid-19), soit une croissance de plus de 20% par rapport aux chiffres de l’année passée. La mise en place du full télétravail n’a eu aucun impact négatif sur notre productivité ou sur la motivation des équipes. » 

Développer une culture bienveillante

Pour maintenir le contact et garder une cohésion d’équipe, les dirigeants ont décidé d’organiser deux séminaires par an à l’étranger avec l’ensemble des collaborateurs. Au quotidien, les managers organisent des rituels et des points réguliers avec leurs équipes et des rencontres type e-apéros le jeudi soir via Zoom avec cinq ou six personnes. 

Et pour s’assurer que personne n’est isolé, les managers sont plus attentifs au bien-être de chaque collaborateur. Ils échangent plus régulièrement avec leurs équipes et ont des moments privilégiés avec certains, via des réunions Zoom en one to one. « Cela crée des relations plus signifiantes et authentiques que des points irréguliers à trois ou quatre autour de la machine à café. Plus que le temps passé, c’est la disponibilité et la qualité qui font la différence. »