Emploi : les cadres toujours avides de mobilité

Les cadres expriment encore des intentions fortes de mobilité externe. De leur côté, les entreprises souhaitent toujours embaucher des cadres ce troisième trimestre, même si leurs intentions connaissent un léger recul dans les grandes structures. C’est ce que révèle le dernier baromètre* de l’Apec, Association pour l’emploi des cadres.

(© Adobe Stock)
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La majorité des cadres se déclarent en recherche active d’un nouveau poste ou en veille sur le marché de l’emploi (59% ; +1 point par rapport au trimestre précédent). Les sollicitations extérieures se font, en outre, de plus en plus tangibles : 35% des cadres ont ainsi été contactés par un cabinet de recrutement au cours des trois derniers mois (+4 points par rapport à juin 2022 et +6 points vs juin 2021). Ils sont de plus en plus à l’écoute des opportunités qui s’offrent à eux : 31% accorderaient une grande attention à une potentielle proposition d’emploi dans une autre entreprise (+3 points). À noter que 14% d’entre eux projettent de changer d’entreprise dans les trois mois (+2 points) et plus d’un tiers (37%) dans les 12 prochains mois (+2 points).

Deux facteurs expliquent ce souhait de mobilité : la confiance en l’avenir – les cadres sont plus confiants pour la situation économique de la France qu’il y a trois mois, même si cette confiance reste en-deçà des niveaux de juin 2021 et juin 2022. En juin 2023, le contexte économique semblait ainsi moins anxiogène qu’en mars dernier, période troublée par le projet de loi sur la retraite et le mouvement social qui s’en est suivi. Autre facteur positif, un marché de l’emploi toujours perçu comme favorable à la mobilité. Autrement dit, la période actuelle leur semble propice pour envisager de changer d’entreprise.

Pour 5% d’augmentation de salaire

S’ils devaient changer d’entreprise ou perdre leur emploi, la proportion de cadres estimant pouvoir « retrouver facilement un emploi équivalent au leur » se maintient (50% ; +2 points). Une part qui est d’autant plus grande chez les cadres de moins de 35 ans. Pourquoi un tel désir de changement ? Les cadres voient la mobilité externe comme une aubaine pour améliorer leur rémunération : au global, 43 % (et 54% des cadres de moins de 35 ans) estiment qu’ils gagneraient au moins 5 % de plus s’ils changeaient d’entreprise pour un poste équivalent, soit 17 points de plus par rapport à juin 2022.

Malgré ces velléités de changement, les difficultés de recrutement perdurent pour les entreprises. Ainsi, celles prévoyant d’embaucher des cadres anticipent des difficultés de recrutement à haut niveau (76%), même si ces problèmes semblent reculer (-8 pts).

18% des PME et 8% des TPE prévoient de recruter

Une grande entreprise sur deux prévoit de recruter au moins un cadre au troisième trimestre 2023. C’est toutefois cinq points de moins qu’au trimestre précédent et qu’en juin 2022. Cette baisse des intentions d’embauche des grandes structures peut notamment s’expliquer par le fait que la forte dynamique de rattrapage des recrutements, à l’œuvre depuis la sortie de crise sanitaire, semble arriver à son terme. Dans les PME et les TPE, les intentions de recrutement de cadres restent stables.

Ainsi, ce sont 18% des PME et 8% des TPE qui envisagent d’embaucher au moins un cadre au troisième trimestre. En termes de volume, au second trimestre 2023, 141 000 offres d’emploi cadre ont été publiées sur le site apec.fr, soit 14 % de moins qu’à la même période de 2022.

* Baromètre Apec, 3 ème trimestre 2023, sorti le 24 août. Deux enquêtes ont été menées du 5 au 16 juin 2023 : en ligne, auprès d’un échantillon de 2 000 cadres et téléphonique, sur un échantillon de 1 000 entreprises. Autre source, l’exhaustivité des postes cadres distincts publiés sur apec.fr par trimestre.

Démission : les cadres privilégient la sécurité

85% des cadres ayant démissionné en 2022 avaient déjà trouvé un poste au préalable. C’est l’un des enseignements de l’étude de l’Apec « Comment les cadres démissionnent-ils ? » Pour près de la moitié d’entre eux (49%), il s’agissait d’une candidature de leur propre initiative, tandis que 36 % avaient démissionné après avoir été « chassés » par une entreprise ou un cabinet de recrutement. Même si la grande démission n’a finalement pas eu lieu en France suite à la pandémie, de nombreux cadres ont ainsi choisi de relever de nouveaux défis professionnels en changeant d’employeur.

Dans un contexte de fortes tensions sur le marché du travail, l’employeur a tenté de les retenir (pour quatre cadres démissionnaires sur 10). Par ailleurs, il demande aux démissionnaires de retarder l’annonce de leur départ pour gérer au mieux la période de transition, en particulier quand il s’agit de managers. Ainsi, deux cadres démissionnaires sur trois ont effectué la totalité de leur période de préavis prévue dans leur convention collective et seule une proportion très marginale (4%) en a été totalement dispensée. À noter que plus de huit cadres sur 10 estiment être restés en bons termes avec leur ancien employeur. 71% d’entre eux assurent que leur investissement professionnel sur la période précédant leur démission n’a pas eu à souffrir de leur départ prochain, tandis que du côté des entreprises, 53% se déclarent prêtes à accueillir de nouveau un ancien collaborateur. Une proportion qui semble confirmer la tendance de « salarié boomerang ».