Le Pôle Métropolitain de l'Oise coopère en faveur de la transformation du territoire

Officiellement installé en février 2018, le Pôle Métropolitain de l'Oise (PMO) porte des projets à l'échelle d'un territoire qui se veut être résilient et dynamique. Très actif depuis sa création dans ses missions de prédilection, ce pôle accompagne notamment les mutations industrielles... avec comme maître-mot : la coopération. Dans ce cadre, le PMO a organisé sa première réunion à l'échelle départementale, à Margny-lès-Compiègne, durant les Rencontres Entreprises et Territoires.


Le Pôle Métropolitain de l'Oise a organisé sa pemière réunion à l'échelle départemantale, le 23 novembre, au Tigre, à Margy-lès-Compiègne.
Le Pôle Métropolitain de l'Oise a organisé sa pemière réunion à l'échelle départemantale, le 23 novembre, au Tigre, à Margy-lès-Compiègne.

« C'est la terre la plus traditionnelle dans l'industrie », définit Philippe Marini, maire de Compiègne et président, jusqu'au 31 décembre 2023, du Pôle Métropolitain de l'Oise, réunissant les communautés d’agglomération de Beauvais, Creil et Compiègne, lors de la première réunion départementale du PMO. Dans un objectif de croissance du tissu économique, le pôle met en tout œuvre pour attirer et développer des activités économiques créatrices d’emplois tout en permettant l’aménagement et l’organisation de l’espace dans une logique de développement durable à une échelle métropolitaine, et par conséquent mieux équilibrer et harmoniser les liens entre le rural et l’urbain. Il apporte une réflexion stratégique, impulsée par la coopération, solution trouvée par le PMO pour faciliter la mise en œuvre d'actions concrètes.

Le Pôle Métropolitain de l'Oise, qui représente un territoire composé de 260 000 habitants et de 86 communes, entend peser dans la région par son industrie, le plus important levier de l'emploi, secondé par le secteur de l'agroalimentaire, un des moteurs économiques du territoire. Certes, une industrie qui a valu une réduction et une disparition des ses activités sur le territoire, jusqu'à une perte d'emplois significative pendant plusieurs décennies, mais qui aujourd'hui est redevenue une force, et même un atout. Car ce patrimoine industriel n'est pas obsolète, il ouvre même à d'autres horizons propices à la création d'une économie ancrée dans les nouveaux défis sociétaux. Conçu comme un pôle stratégique, le PMO est activement impliqué dans la Rev3, la troisième révolution industrielle - portée par les Hauts-de-France - en faveur d'une économie durable et connectée. Terre industrielle, ce territoire devient une terre de l'innovation et de l'énergie verte.

Transition écologique : un avenir enclenché

L'industrie ne peut échapper à la transition écologique. Les industriels passent le cap à leur échelle, passant par de grands programmes, de grandes transformations ou des actions environnementales ciblées. Terre fertile, le territoire voit pousser de grands projets industriels, à l'instar du chimiste américain Chemours : d'ici 2025, deux bâtiments seront érigés sur son site de 40 hectares de Villers-Saint-Paul, l'un pour la production de polymères, l'autre pour la fabrication de membranes échangeuses de protons, ce qui va accélérer l'économie de l'hydrogène. Le site de Villes-Saint-Paul deviendra le premier site en Europe pour les fabrications des produits de la technologie de membranes échangeuses de proton.

Et le renouveau industriel passe par la transformation profonde des entreprises locales emblématiques. Comme l'entreprise Etex, qui produit principalement des plaques de plâtre sur son site d'Auneuil. Lauréat de l’appel à projet "fonds décarbonisation de l’industrie", le fabricant de matériaux de construction s’est vu attribuer près de 4,5 millions d’euros pour la rénovation énergétique de son outil industriel. « Nous sommes un gros consommateur d'énergie et notre transformation passe par l'écologie », explique Cédric Monatte, directeur régional d'Etex. L'industriel a choisi de consommer moins et produire plus : ce sont 30 millions d'euros qui sont mobilisés sur le site de 24 hectares, pour l'optimisation du stockage et de la logistique, d'abord, mais aussi et surtout pour le remplacement du séchoir des plaques de plâtre (représentant 60% de sa dépense énergétique) qui permet aujourd'hui de réduire de 20% la consommation de gaz de l'usine, mais aussi d'augmenter la vitesse de séchage et donc la productivité.

Le groupe a également installé une chaudière à base de déchets CSR (Combustible solide de récupération) fonctionnant à base de déchets destinés à être enfouis. Mais Etex va encore plus loin et touche à sa matière première. Dernier projet que veut mener l’entreprise d’ici le troisième semestre 2024 : recycler les déchets à base de plâtre pour les incorporer à la composition de ses plaques. Une usine de recyclage de gypse (espèce minérale composée de sulfate dihydraté de calcium) sera construite pour commercialiser du gypse recyclé et en intégrer, à hauteur de 30%, dans les plaques de plâtre.

Cédric Monatte, directeur régional d'Etex (à g.) est venu présenter son projet, aux côté d'Aymeric Bourleau, VP du Beauvaisis, chargé de l'économie.

Accompagner, c'est aussi la volonté du PMO. Depuis 2018, le pôle a organisé 12 ateliers pour les entreprises sur des enjeux partagés : les mutualisations industrielles, le réemploi, la valorisation de l'eau en sont des exemples. Et en matière de transition écologique, le passé industriel de l'Agglomération Creil Sud Oise se transforme considérablement : les sucreries, les centrales thermiques laissent place au photovoltaïque. Cette énergie verte se déploie considérablement, tout comme le gaz vert, grâce à la création de nombreux méthaniseurs. Dans ce domaine, le département de l'Oise enregistre une belle dynamique et fait partie des territoires les plus dynamiques de la région en matière du nombre d'unités en injection : au 31 décembre 2022, elle compte 22 unités en injection de gaz vert et trois en construction.

Faciliter pour mieux  développer 

Pour mener à bien cette ambition et confirmer sa place de territoire d’Innovation et d’Industrie, le PMO met en œuvre des projets d’intérêt supra communautaire pour son développement en termes notamment d’animation, de promotion et de gestion, en assurant une mission d’expertise, d’étude et de coordination entre les acteurs du territoire. Le PMO tient également à renforcer son tissu industriel en facilitant le développement de grands noms industriels historiquement installés, en collaboration étroite avec la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oise. Ainsi, dans le compiégnois, Chanel va construire une nouvelle unité de production à Venette, Matra Électronique reconstruit son socle industriel, Plastic Omnium construira la plus grande usine de réservoirs à hydrogène d'Europe d'ici 2025 grâce à une coopération de l'ARC et de la Safer, Sainte Lucie a inauguré un nouvel outil industriel sur le parc technologique Alata de Verneuil-en-Halatte. 

Alix Deschamps (à dr.) témoigne de la coopération avec le PMO pour avancer dans ses projets, en présence de son interlocuteur, Franck Superbi, maire de Bury et président des Lisières de l'Oise.

Cependant, « les axes routiers et ferroviaires sont précieux, note Alix Deschamps, président de Weylchem Lamotte, chimiste propriétaire et installé sur le site industriel de Lamotte, sur le territoire des Lisière de l'Oise. Ils permettent le développement et le maintien de l'économie. » La coopération avec le Pôle Métropolitain de l'Oise a permis, en deux ans, la rénovation d'un axe ferroviaire central pour l'industriel, qui gère mieux son transport, intégré dans sa stratégie de décarbonation. Le site de Weylchem va également accueillir un parc photovoltaïque sur une parcelle de 6 ha, qui contribuera à produire 7,7 GWh, soit une production équivalente à 3 000 habitants. Une opération rendue possible grâce au "site clé en main" proposé par le PMO, le fruit d'un travail entre l'entreprise et l'intercommunalité les Lisières de l'Oise. 

Atteindre l'excellence 

Mais pour une industrialisation dynamique, faut-il encore des collaborateurs et le recrutement devient un enjeu majeur, et stratégique. « L'industrialisation va de pair avec la formation et les infrastructures, pointe Caroline Cayeux, maire de Beauvais et 1ère vice-présidente du PMO. Il faut créer des formations pour former aux futurs métiers dans le but de dynamiser la filière et aller vers l'excellence. Il me semble judicieux de mutualiser nos forces, d’additionner nos expériences pour bâtir une stratégie commune en matière d’enseignement supérieur. » À l'instar de l'école de production O'Tech Oise, lancée en 2021 par Poclain Hydraulics, Constructions mécaniques de Chamant et Safran. Cette école de production forme actuellement 60 jeunes aux métiers de la transformation des métaux, avec une section usinage et une section chaudronnerie. « On porte les jeunes vers l'excellence, explique Olivier Lemaire de chez Poclain Hydraulics. Avec un taux d'insertion révélateur : quatre à cinq offres d'emploi par jeunes à leur sortie de formation. L'objectif est aussi de redorer l'image de l'industrie. »

D'autres acteurs coopèrent dans cette optique, comme l'UIMM Hauts-de-France et sa Fabrique 4.0, une usine itinérante entièrement équipée et modulable, qui présente les métiers industriels. « L'enjeu est d'attirer les jeunes, note Constantin Feron, responsable du développement économique de l'ACSO. Une trentaine d'industriels ouvrent leurs portes durant la Semaine de l'industrie pour montrer qu'elles recrutent et qu'elles se développent. Nous organisons dans l'année des visites d'entreprises et y amenons les scolaires pour créer des vocations. »

Cette excellence se nourrit d'un terreau de start-up innovantes. Lancé par l'ARC, l'ACSO, l'UTC de Compiègne, UniLasalle de Beauvais, Rev'Agro et Pivert, l'incubateur de projets innovants ITerra propulse des projets en lien avec la bio-économie, l’innovation en agriculture et les territoires durables et connectés. Et son objectif modélise les ambitions du Pôle Métropolitain de l'Oise : incuber des start-up innovantes en les enracinant sur le territoire tout en créant des synergies avec l’ensemble de l’écosystème. Cet incubateur est épaulé par le pôle d’innovation agricole à Beauvais Rev’Agro et le pôle chimie verte à Compiègne.

Cet écosystème industriel innovant porté par le Pôle Métropolitain de l'Oise propulse son passé industriel vers l'industrie 4.0. Ce territoire devient un acteur majeur de cette troisième révolution industrielle régionale, modèle de la transformation écologique du monde économique.